Nous voulons tous vivre en paix. Personne ne se réveille le matin en disant : « Pourvu que ma journée se passe dans le conflit et le chaos ». Nous aspirons tous à la tranquillité intérieure et extérieure.
Les philosophes de l’antiquité faisait déjà de la paix le but de la philosophie : Epicure l’appelle l’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de troubles dans l’âme. L’absence de troubles pour lui c’est essentiellement cesser d’avoir peur de la mort, ne pas craindre les Dieux et ne plus livrer son âme à des désirs inutiles, comme la vaine gloire et la recherche de l’argent. Nous ne craignons plus les Dieux, mais nous avons encore peur de la mort et nos désirs frivoles sont devenus innombrables dans notre société qui les encourage. Il faut dit Epicure maîtriser nos désirs et comprendre que la mort n’est rien pour nous.
Epictète et les stoïciens, eux, présentaient la paix essentiellement comme le résultat d’une maîtrise des jugements : ce ne sont pas les choses qui nous troublent dit Epictète c’est le jugement que nos portons sur ces choses. Ainsi ce n’est pas le vol de ma voiture toute neuve qui m’a volé ma paix, mais le jugement que je porte sur cet événement, un jugement du genre : « On m’a volé ma voiture c’est affreux, c’est injuste, cela n’aurait jamais dû arriver. » Epictète nous invite à comprendre que les choses ne dépendent pas de nous et ainsi à les accepter d’un cœur paisible. Il enseigne à trouver la paix intérieure en alignant nos désirs et nos actions avec la nature et en acceptant ce qui ne dépend pas de nous. J’aime ces deux écoles de philosophie ; elles m’ont été très utiles dans ma vie, surtout le stoïcisme d’ailleurs. Mais la maîtrise du jugement rencontre vite des limites ; pas facile de se raisonner quand on est emporté par le tourbillon des émotions et les vagues du stress.
En fait, j’ai découvert un autre moyen d’être en paix. Cela consiste à prendre conscience que notre être profond est déjà complètement en paix. Les troubles concernent nos pensées et nos émotions, pas du tout l’espace conscient dans lequel ils se manifestent. Il y a en nous un être stable, enraciné dans une paix indéracinable. Cette paix n’est pas psychologique, ou affective ; elle ne dépend pas du moi, et elle n’est pas le résultat d’un raisonnement. Pensez au sommeil profond, le moi y est absent et pourtant comme nous sommes en paix ! Pour trouver cette paix permanente, il faut aller au-delà du moi et de ses guerres et conflits ; il faut s’éveiller à la dimension impersonnelle de la conscience.
Là, au centre de notre Être, se trouve la paix des profondeurs, inaltérable. Cela ne signifie pas que tous les troubles disparaitront immédiatement, mais vous pourrez les voir avec beaucoup plus de détachement. Et surtout, vous ne les alimenterez plus avec votre égo si rapidement armé pour la guerre.
Découvrez en vous la paix qui est au-delà du moi, et vous découvrirez en même temps que vous êtes en paix avec le monde entier.
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