L'écotourisme est une forme de " voyage durable " qui soutient les cultures, les peuples et les environnements locaux au lieu d'exercer plus de pression sur eux et d'exploiter leurs ressources. Tour d’horizon.
L’importance de l’écotourisme croît chaque année (10 à 15% en fonction des pays), car il y a de plus en plus de touristes qui souhaitent voyager tout en se souciant de la Nature et du bien-être des communautés locales visitées. Mais qu'entend-on exactement par écotourisme ? Les définitions varient assez fort selon les individus dont les approches peuvent être très différentes selon les domaines dans lesquels ils travaillent (universitaires, touristiques, politiques, …).
Il y a néanmoins quelques définitions qui se démarquent. Celle qui est généralement acceptée dans la plupart des milieux est celle de l'« Union Internationale pour la Conservation de la Nature » :
« Voyage respectueux de l'environnement dans les zones naturelles, afin de profiter et d'apprécier la Nature (et les caractéristiques culturelles qui l'accompagnent, passées et présentes) qui favorisent la conservation, ont un faible impact et permettent une implication socio-économique bénéfique et active des populations locales. »
Devenir plus conscient
La première chose qu’une telle définition implique est une prise de conscience de la part des voyageurs. Les touristes doivent devenir plus conscients de leur impact, sur l'environnement local, mais aussi sur les communautés visitées. Ils doivent essayer, dans la mesure du possible, de réduire au maximum cet impact. Cela ne signifie pas pour autant que leur expérience de voyage sera moins agréable, au contraire : cette attitude plus respectueuse amène souvent le voyageur à profiter encore plus de son expérience.
Il est également important d’utiliser son discernement : des vacances ne sont pas écotouristiques simplement parce que cela est précisé sur la brochure de voyage… Car, malheureusement, de nombreuses entreprises annoncent régulièrement des « vacances respectueuses de l'environnement » sans justification réelle.
L'écotourisme est l'un des secteurs de l'industrie du tourisme qui connaît la croissance la plus rapide et les voyagistes essaient d'attirer les clients en utilisant de fausses « éco-publicités ».
Les offres de « séjours dans la jungle », par exemple, sont rarement écologiques et ne doivent pas être confondues avec de l’écotourisme. De trop nombreux opérateurs touristiques tentent de « verdir » leurs offres, mais c'est souvent du simple « greenwashing ».
Alors, comment savoir quand c’est de l’écotourisme et quand cela ne l'est pas ? Pensons au premier objectif et utilisons notre discernement. Si le voyage implique un séjour dans la jungle, cela aidera-t-il la Nature et les habitants de quelque manière que ce soit ? Si les opérateurs précisent qu’une partie de l'argent est destiné à la « conservation », est-ce 1%, 10%... ou 70% ? Osons poser des questions comme celles-ci avant de nous décider.
Des petits groupes
En regardant les choses plus largement, le nombre de voyageurs et donc la taille des groupes sont également très importants. Nous ne pouvons pas faire de l’écotourisme de masse, c'est un oxymore — l'écotourisme doit se faire en (très) petits groupes.
Il y a aussi généralement une forte composante éducative associée à l'écotourisme, qui peut considérablement aidé à la prise de conscience. Les thèmes communs dans ce contexte sont le recyclage, la consommation d'eau responsable, l'artisanat local et la mobilité douce (le vélo ou la marche plutôt que la voiture).
Et, bien entendu, un fort accent est mis sur la protection des espèces locales, en particulier les espèces menacées.
Pourquoi en avons-nous besoin ?
Selon l'« Air Transport Action Group », les compagnies aériennes du monde transportent près de 4 milliards de passagers chaque année… avec une projection de ± 5,9 milliards d'ici 2030 ! Tous ces voyageurs émettent non seulement d'énormes quantités de CO2, mais exercent également une forte pression sur de nombreux environnements.
A mesure que le niveau de vie augmente à l'échelle mondiale, le tourisme est appelé à se développer et le tourisme impose une charge considérable sur les écosystèmes.
Les touristes ont également besoin d'infrastructures supplémentaires, telles que des usines de traitement de l'eau, des installations sanitaires et des logements. Souvent, les communautés locales ne sont pas en mesure d'offrir durablement ces conditions et les résultats peuvent être dévastateurs. Dans de nombreuses régions d'Afrique, par exemple, le tourisme à grande échelle a conduit à l'élimination inappropriée des eaux usées des campings. Ceci a entraîné la contamination des rivières où la faune, le bétail et les gens puisent de l'eau censée être potable…
Dans les zones vulnérables, l'augmentation du nombre de visiteurs peut entraîner une dégradation importante de l'environnement. Partout où les voyageurs vont, ils laissent derrière eux des ordures et, même si elles sont laissées dans des poubelles, cela peut créer un déséquilibre dangereux dans des communautés qui ne possèdent pas d’infrastructures adaptées.
Les safaris et la photographie d'animaux peuvent modifier leurs comportements ou simplement les effrayer. Nourrir la faune peut leur apprendre de mauvaises habitudes et les laisser dépendants des humains. Même de simples marches peuvent entraîner, dans certains sites, l'érosion du sol et la destruction des sentiers des animaux.
Cela peut être difficile à accepter, mais tout ce que nous faisons génère un impact — nous devons en être conscients.
Dans ce contexte, l'écotourisme peut faire une différence spectaculaire, en supprimant ces impacts ou, à tout le moins, en les réduisant.
Les objectifs de l'écotourisme
Parmi les nombreux objectifs positifs de l’écotourisme, voici les 6 les plus importants :
Construire une conscience environnementale et culturelle : la première étape pour faire quelque chose est de comprendre le contexte et ce qu’il est approprié de faire.
Minimiser l'impact : si nous pouvons éviter l’avion, essayons plutôt le train, voire le bateau. Marchons ou mettons-nous au vélo au lieu de conduire ou utilisons les transports en commun. Respectons les ressources locales et ne gaspillons pas.
Offrir des expériences positives aux hôtes : respectons les habitants, leur communauté et soutenons-les ainsi que leurs valeurs.
Conserver les espaces naturels : s'il s'agit d'un véritable écotourisme, une grande partie de l'argent dépensé sera destiné à la conservation.
Offrir des avantages financiers et l'autonomisation des populations locales : achetons des produits locaux et authentiques — ils sont de meilleure qualité et ils soutiennent les habitants.
Sensibiliser au climat politique et social des pays hôtes : c'est l'objectif le plus délicat et le plus difficile à atteindre, mais c’est également très important.
En résumé, l'écotourisme devrait concerner trois facettes principales : la préservation de l'environnement local, le bien-être, la solidarité avec les habitants rencontrés et une expérience authentique et qualitative pour le voyageur lui-même. A l’échelle de la planète, cela peut faire toute la différence.
Référence :
« Ecotourisme et tourisme solidaire : 35 ans à la rencontre de l'Autre » de Jean-Pierre Lamic aux Editions Kalo Taxidi.
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