Que ce soit l’ouvrage, publié en 2005, de Pierre Gevaert, agronome et agriculteur, dont le titre nous en dit long : Alerte aux vivants et à ceux qui veulent le rester, ou celui d’Isabelle Saporta, Le livre noir de l’agriculture, bien des sonnettes d’alarme ont été tirées …
Aujourd’hui, en ce printemps bouleversant 2020, bon nombre d’experts scientifiques tels la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco-systémiques (l’IPBES) ou l’Institut national de la recherche agronomique(INRAE) s’accordent à direque les activités humaines sont à l’origine de cette crise planétaire. La déforestation, l’agriculture intensive chimique, l’épuisement des ressources planétaires sont autant de facteurs qui ont bouleversé les écosystèmes. Jane Goodall, la primatologue britannique souligne également : « Il était prédit que ceci allait arriver, et ça va se reproduire jusqu';à ce que nous en apprenions les leçons ». Une évidence s’impose ! Comment l’être humain peut-il remédier à ce fléau de santé publique, si ce n’est en respectant la terre et tous les êtres vivants qui y habitent.
Que nous est-il arrivé ?
Depuis la révolution industrielle, l’homme a tenté de dominer la Nature, mais en vain…
En malmenant sa terre nourricière, en ne respectant pas les lois de la Nature dont il fait partie intégrante, l’être humain s’est perdu.
En moins de 50 ans tout a basculé, tant aux plans alimentaire, qu’économique et sociétal. L’industrie agroalimentaire a émergé avec ses produits standardisés, pasteurisés et ses fameux plats préparés, ainsi que des produits exotiques tout au long de l’année. Pires encore sont les « fast food » : une alimentation transformée, dénaturée, qui s’infiltre sournoisement dans le monde entier et qui insidieusement va créer des dégâts sanitaires insoupçonnés. On constate dès lors une augmentation générale de cas d’obésité, de diabète de type II et de problèmes cardio-vasculaires. Une véritable pandémie, dénoncée par l’OMS à dater de 1997.
Ici aussi, la sonnette d’alarme a été tirée par l’OMS dans son bulletin n° 80, en 2002 :
On estime que d’ici 2020, les deux tiers de la charge mondiale de morbidité seront imputables à des maladies non transmissibles chroniques, pour la plupart nettement associées au régime alimentaire. Le passage à une alimentation comportant davantage de denrées alimentaires raffinées, d’aliments d’origine animale, et de graisses joue un rôle majeur dans l’épidémie actuelle d’obésité, de diabète et de maladies cardio-vasculaires, entre autres affections non-transmissibles.
Nos aliments complètement transformés ont en effet engendré des « maladies dites de civilisation » graves, menant à une diminution de l’espérance de vie.
Souvenons-nous !
A l’époque de la Préhistoire, l’homme chasseur cueilleur du Paléolithique se nourrissait de végétaux trouvés dans son environnement immédiat, d’eau potable et de gibier.
Notre organisme a évolué avec des aliments naturels. La structure moléculaire de notre hémoglobine est similaire à celle de la chlorophylle, notre plasma sanguin à l’eau de mer.
C’est René Quinton, un physiologiste et biologiste qui disait :
"L’organisme est un véritable aquarium marin. Vieillissant, il suffirait de changer son eau pour regagner en vitalité".
Par ailleurs, au Vème siècle avant. J.C., Hippocrate, considéré comme le père de la médecine, établissait un lien entre les humeurs organiques, l’univers et les aliments qui contiennent les mêmes propriétés. Pour lui, les maladies étaient déjà dues aux facteurs environnementaux, au mode de vie et aux habitudes alimentaires.
Comment enrayer ce fleau ?
Revenons à une alimentation naturelle, la plus vivante possible, locale et de saison.
- Consommons des aliments qui nous régénèrent et nous revitalisent, comme les légumineuses, les céréales et les oléagineux germés, les algues, les produits de la ruche comme le pollen frais, la gelée royale et le miel cru. Des légumes et des fruits crus, des huiles végétales 1ère pression à froid, des herbes aromatiques fraîches, des produits lacto-fermentés.
- Limitons les aliments qui ralentissent la vie que sont les aliments cuits, la chaleur détruisant les enzymes digestives et les vitamines.
- Quant aux aliments qui tuent la vie que sont les produits transformés, raffinés, contenant des additifs alimentaires, fuyons-les !
Heureusement, grâce aux changements de comportements et aux actions locales, nous sommes en train de reprendre notre santé en main et celle de la Terre.
Des groupements d’achats solidaires pour l’agriculture paysanne se forment, permettant de soutenir des producteurs locaux qui travaillent selon des méthodes respectueuses de l'environnement et des savoir-faire traditionnels.
Les marchés fermiers sont de plus en plus nombreux, les potagers urbains se multiplient, ainsi que des associations diverses constituant autant de leviers visant à promouvoir l’alimentation durable.
Repensons l’agriculture !
C’est en 1928, que Basil Bensin, un agronome américain, a utilisé le terme agro-écologie pour la première fois, mais ce concept, qui allie agronomie et écologie, ne s’est concrétisé que dans le courant des années 1970.
Dans le même temps, la permaculture, un procédé systémique, inspiré du fonctionnement de la nature, se profile en Australie grâce à Bill Molison et David Holmgren. Créer des interactions bénéfiques, comme dans la nature où tout est relié.
Trois principes éthiques : le soin de la terre, le soin des hommes et le partage équitable des ressources. Une agriculture biologique qui pourra nourrir l'humanité tout en guérissant la planète.
A l’aube de ce XXI e siècle, la réponse au désastre mondial doit être systémique. Tous les paramètres, tant environnementaux, énergétiques, climatiques, géopolitiques, sociaux qu’économiques doivent être pris en compte.
Sans quoi, la nature pourrait bien poursuivre sa route sans nous…
Karin Schepens
Naturopathe, conseillère en nutrition et hygiène vitale
Auteure de « Soyez acteur de votre santé », aux Editions Racine
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