La spiritualité nous permet-elle de nous transformer vraiment ?
La grande braderie de la spiritualité
La spiritualité est dans toutes les bouches, sur tous les rayons des librairies, tant sur les étagères religieuses, toutes religions confondues, que dans le rayon spiritualité, voire dans le rayon « développement personnel » ou même « bien-être ». La « spiritualité » est devenue tellement banalisée qu’elle en perd sa substance, comme « formidable » ne désigne plus quelque chose de « terrifiant ». Beaucoup de mots de la spiritualité ont été ainsi utilisés pour décrire des réalités souvent très vagues et, passant dans le langage courant, en ont perdu tout contours, tels « méditation », « pleine conscience », « éveil ». Je ne parle même pas des mots sanscrits introduits dans notre vocabulaire et qui sont bien loin des réalités qu’ils décrivent, tels que chakra, nirvana et autres samadhi, chacun les enveloppant d’un nuage d’encens si spirituel qu’il finit par les masquer.
Une définition parmi d’autres
Si donc on s’intéresse aux dimensions spirituelles de l’existence, il faudra passer par la case des définitions. On ne peut rien articuler tant que les termes que l’on utilise ne sont pas partagés. Dans l’acceptation actuelle, on ne retrouve pas ce mot dans les textes des mystiques chrétiens médiévaux (Eckhart), ni dans ceux de l’Inde (Yogasûtra,
Samkhya) et pas du tout dans le Bouddhisme Zen. La spiritualité est à la fois un discours, une théorie et une pratique, qui s’occupe de « l’esprit » - sa racine étymologique.
Ce mot a pris aujourd’hui le sens complexe réunissant un but spirituel (« union à Dieu », le « Soi », la « nature première » etc.), des moyens (méditations, prières, rituels, etc.) et une conceptualisation permettant de penser la pratique et l’expérience. La spiritualité a pour objet « l’esprit », propose des pratiques, un « art » et une finalité, le « bonheur » et la joie. Tentons donc une définition simple : la spiritualité est l’art de l’esprit heureux. Le tout restant à définir.
Esprit versus âme
Un mot s’immisce souvent dans les discours sur l’esprit, c’est le mot « âme ». Certains aimeraient bien les distinguer, comme Paul dans 1 Thessaloniciens : « Que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irrépréhensible » (1Th 5,23) et tout le monde y est allé de ses petites distinctions, comme Augustin. Mais ce même Paul disait aussi « Comprenez avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur ... » (Eph 3,18). Comme quoi, lui, les distinctions pertinentes... En gros, il y a ceux qui disent que l’âme est un principe immatériel et que l’esprit est l’espace intérieur dans lequel je pense, me représente, me remémore et planifie. Il y a ceux qui disent exactement le contraire. Et il y a maître Eckhart qui emploie l’un pour l’autre, comme synonyme d’intériorité.
Il réservera le principe immatériel à Dieu. Ce qui est sûr, c’est que la spiritualité s’occupe de l’esprit en tant qu’intériorité, espace mental conscient, car c’est le seul lieu où nous pouvons agir par une pratique. Le principe immatériel et transcendant (que ce soit « l’âme », « Dieu » ou le « Soi ») est théorisé par la spiritualité, mais sans que la pratique puisse y agir directement.
La spiritualité agit donc sur l’esprit en tant qu’espace mental conscient.
Esprit vs corps
On oppose souvent la matérialité et l’immatérialité de notre être en les distinguant en corps et esprit. Les uns diront que le corps n’est qu’un véhicule de l’esprit et qu’il ne faut pas s’en occuper, les autres qu’il faut le « mâter », d’autres enfin qu’il faut le mépriser. Cette pensée dualiste a fait beaucoup de mal à la spiritualité. En nous divisant conceptuellement en deux, nous avons perdu la possibilité de nous retrouver et de trouver notre source... La conscience du corps que je suis est essentielle pour parvenir à la prise de conscience globale de mon être. Eckhart va dire de manière parfaitement non-dualiste : « Mon âme est dans mon corps, mais d’une certaine manière mon corps est dans mon âme ». Quand inventerat-on le concept de corâme ou d’âmecorps ?
En faisant l’unité seulement j'accéderai à la Source qui me fonde, quel soit le nom qu’elle porte. La spiritualité s’aide du corps que je suis pour m’unifier et accéder à ce qui me fonde.
Dieu vs Soi versus Conscience
Dans toutes les traditions, on observe que le but de la spiritualité, c’est de faire « un » avec quelque chose qui est le principe, la source. « Faire un » indique la suspension de la dualité. Il n’y a plus ceci que je cherche là-bas et moi ici. Eckhart dira : « Des gens pensent que Dieu est là et qu’ils sont ici.
Ils ont tort. Je suis en Dieu et Dieu est en moi ». Cette réalité est comprise comme ce qui m’habite de plus profond. La nature de « cela » a été sans cesse repéré comme était la « conscience », la capacité d’être témoin du monde. Le Yogasûtra dira : « Lorsque les agitations mentales cessent, la conscience (litt. : le témoin, le voyant) apparaît telle qu’elle est en elle-même ». Eckhart dira : « Dieu se manifeste dans l’âme sous la forme d’une conscience ». Il ne s’agit pas de la conscience morale, mais d’un immense espace libre et vide conscient. À cet égard, la pratique de la vision sans tête, de Douglas Harding est un magnifique outil très simple de l’expérimenter.
Une conscience infinie m’habite, dont mon attention est une manifestation. La spiritualité vise l’éveil de cette conscience.
Faire versus ne rien faire
Toutes les pratiques spirituelles utilisent des moyens de canaliser l’attention afin que l’espace intérieur se pacifie, que ce soit la posture, l’assise, la respiration, le mouvement, la visualisation, etc. Deux écueils sont courants. Le premier, c’est de croire que c’est la pratique qui me fera accéder à l’essentiel. On y voit des forcenés de la
méditation (si on médite deux fois plus, on sera deux fois plus illuminés, ben voyons ...), des sportifs de l’ascèse (je maîtrise, j’aurai la médaille ...). Le deuxième écueil, c’est de dire : il suffi t d’observer et de ne rien faire. Si l’on vise bel et bien un état de non-faire qui accueille la réalité comme un miroir sans tache, s’asseoir sans rien faire dans son agitation augmentera seulement l’agitation. La voie du milieu, qui est la voix de la sagesse, une pratique sans dureté : l’essentiel est de canaliser l’attention, de l’apaiser, puis de l’élargir aux dimensions d’une conscience que l’on décrit souvent comme l’observateur impassible.
Maître vs sans maître
De quelles aides a-t-on besoin sur ce chemin spirituel? Il y a certes les pratiques que l’on peut trouver partout aujourd’hui. Mais ne faut-il pas un guide, un accompagnant, un maître pour ne pas errer et pour qu’il nous tienne par la main jusqu’aux portes du ciel ?
Mais il faut sortir de ce rêve pour entrer en réalité. Les maîtres pullulent, les meilleurs sont trop discrets... On peut certes lire des livres, écouter des enseignements, aller faire des sessions, mais en toutes choses le seul guide qui peut me dire si je m’égare, c’est moi-même. Seul le moi mature pourra me diriger. Vouloir à tout prix se dévouer à un maître est hélas souvent un besoin d’infantilisation. On n’a plus besoin qu’on nous donne le biberon à 30 ans. Tout écouter, tout lire, mais rester le seul maître à bord. Dans la tempête apaisée, Jésus dort sur le coussin, à la place du timonier : c’est la tempête. Mais dès que les disciples ont éveillé le divin, il se réveille et se lève (les deux mots employés pour parler de la résurrection), et alors la tempête se calme et ils atteignent l’autre rive. Le seul maître est intérieur, mais je dois l’éveiller et lui faire confiance.
Se transformer vs se laisser transformer
Les pratiques spirituelles ouvrent la porte à une autre manière d’être au monde. Mais est-ce qu’elles vont me transformer ?
Que dois-je faire ou ne pas faire ? Dans le Yogasûtra, le chemin vers l’éveil commence par yama, la pratique des vertus extérieures, puis par niyama, la pratique des vertus intérieures. De même que dans le christianisme, on parlera de voie de la purification par l’exercice (si possible héroïque) des vertus. Il semblerait que la transformation provienne
de ma volonté et de mes efforts. On voit bien que dans cette représentation, l’ego frétille de contentement. Mathilde de Magdebourg, qui avait des visions que l’on qualifierait de médiumniques, vit une fois une sœur défunte qui avait passé toute sa vie dans de grandes pénitences et qui était considérée comme une sainte. Mais voilà, la sainte n’était pas au paradis, elle était entourée de ténèbres. Où était l’os ? « C’était sa volonté propre (entendez son ego) qui avait empêché cette Béguine pourtant accomplie d’aller chercher conseil auprès d’une personne spirituelle ». La spiritualité à la force du poignet, ça ne marche pas.
Le seul effort constant est de revenir sans cesse vers cette Source intérieure et d’éveiller la Conscience dont une petite émanation est ma conscience particulière. Et c’est là que la transformation opère : « La pratique (du fond) brûle les conditionnements » (Yogasûtra). À partir de là, je suis témoin de la transformation qui s’opère. Nul besoin d’efforts surhumains pour être bienveillant avec ma belle-mère, nul besoin d’efforts pour faire des « bonnes actions », nul besoin d’effort pour comprendre et accueillir les autres, tous les autres.
Bonheur vs bien-être
Eckhart appelle « béatitude » l’état d’union avec le fond, avec la Conscience qu’il identifie à Dieu créateur du monde. Cette béatitude est marquée par la paix, la joie et l’amour. Mais la béatitude est si profonde qu’elle n’est pas influencée par les vagues de la surface de la mer. Ce n’est pas une béatitude de bisounours où tout irait au mieux dans le meilleur des mondes, un bien-être égoïste. C’est une joie aimante et paisible qui demeure sous toutes les vicissitudes de l’existence. Et cet amour joyeux et calme agit dans le monde pour répandre le bien.
Cette paix aimante et joyeuse demeure et demeurera sans doute après la mort, puisque nous serons réduits à l’essentiel : la Conscience infinie, infiniment aimante.
En guise de non-résumé.
La spiritualité est l’art de l’esprit heureux.
L’esprit est l’espace mental conscient.
La pratique s’aide du corps que je suis pour m’unifier et accéder à ce qui me fonde.
Ce qui me fonde est une Conscience infinie qui m’habite.
La spiritualité vise l’éveil de cette Conscience.
L’essentiel est de canaliser l’attention, puis de l’élargir aux dimensions de cette Conscience.
Le maître est intérieur, mais je dois l’éveiller et lui faire confi ance.
La spiritualité à la force du poignet, ça ne marche pas.
C’est la pratique de la Conscience du fond qui brûle les conditionnements.
Je suis alors témoin de la transformation qui s’opère.
Une joie aimante et paisible m’habite, indépendante des difficultés de l’existence.
Cet amour agit dans le monde.
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