« L’univers est entièrement mental… Il y a eu de nombreuses tentatives théoriques pour préserver l’idée d’un monde uniquement matériel, mais celles-ci ne font plus progresser la physique et servent uniquement à maintenir une illusion, celle de l’existence d’un monde extérieur à la conscience »
Richard Con Henry,
Physicien et astronome, université américaine John Hopkins, (Nature, 2005)
Ce texte est le résultat synthétique de mes réflexions personnelles. Il ne constitue pas une démonstration détaillée mais des faits expérimentaux le soutiennent, comme ceux cités dans mes livres La vie après la mort (1) et La conscience immortelle (2), ou les travaux de Michel Bitbol (3), Bernardo Kastrup (4), Luc Bigé (5) et, au-delà, dans les oeuvres des philosophes Baruch Spinoza (la Substance), Arthur Schopenhauer (la Volonté) et Emmanuel Kant (le Noumène)… La première partie propose une modélisation métaphorique de la Conscience. La seconde présente des réflexions épistémologiques en faveur d’un modèle non matérialiste (ou post-matérialiste). La troisième partie reflète l’application de ces conceptions à la compréhension de l’effet des substances psychédéliques (PDL).
Modélisation de la Conscience
Posons tout d’abord qu’à l’origine de tout existe un champ de conscience universel, de pure subjectivité, de pure expérience, que l’on peut appeler « conscience phénoménologique primaire ». Ici règne la Conscience (6) du « Je » pur, à qui « cela fait quelque chose d’exister ». Ce « Je » relie tous les niveaux de toutes les dimensions de l’Univers. Cette Conscience est dans un équivalent de « sommeil profond sans rêve » et dans un état de « sat cit ananda » (pure (7) existence, pure conscience, pure béatitude). À partir de cette Conscience primordiale surgissent des univers par « émanation », structurés par des archétypes (expliqués ensuite) qui sont à l’origine d’équivalents rudimentaires d’émotions et de pensées. Certains de ces contenus se densifient, se regroupent et s’autonomisent, créant des « clusters d’expériences », des « tourbillons cognitifs », sièges de l’apparition d’une conscience individuelle. Celle-ci possède une frontière dissociative avec le champ mental universel, constituant ce que Kastrup appelle un « alter » (un être vivant, au sens large). Une partie de la grande Conscience est attirée à l’intérieur même du tourbillon qu’elle a conçu et qu’elle percevait « de l’extérieur ». Elle y pénètre et entre alors dans un « rêve », c’est-à-dire une conscience individuelle qui se vit comme séparée de la Conscience. On trouve un processus analogue dans la plupart des cosmologies (8), dans lesquelles un Esprit primordial crée d’abord un « oeuf » puis plonge dans l’oeuf et devient une conscience limitée par des formes et des contraintes temporo-spatiales.
Imaginons que ce tourbillon, l’alter dissocié, soit composé de mercure. À l’intérieur se créent des effets de miroir entre les parois. Ainsi naissent des processus de « re-représentation (9) », d’autoréflexivité, de « métaconscience » (savoir que l’on est conscient, penser que l’on pense – métacognition -, sentir que l’on sent, etc.). Un contenu particulier du tourbillon devient le centre de l’attention prioritaire et stable de la conscience qui y règne et celle-ci s’identifie alors plus ou moins avec lui : c’est « l’égo opératoire ». Là où est portée l’attention apparaît l’« awareness » ou « prise de conscience » (au sens littéral et figuré). Selon Kastrup, nos organes des sens sont comme les quadrants d’un tableau de bord à la surface de l’alter que nous sommes. Les aiguilles de ces quadrants font apparaître, à partir du champ mental universel, les autres alters et l’univers inanimé sous forme de mesures, d’ « observables physiques » ayant des qualités microscopiques (spin, masse, momentum) ou macroscopiques (formes, couleurs, etc.). Nous appelons ces observables « matière ». Cependant, nous prenons à tort celle-ci comme ayant une existence indépendante et autonome vis-à-vis de la conscience alors que ces qualités n’apparaissent que par l’acte d’observation et de « mesure ». Les physiciens appellent cela la « contextualisation (10) ». Le champ mental universel se présente sous l’apparence de matière uniquement lorsque l’attention d’un alter se porte sur lui et le perçoit par le biais des quadrants de son « tableau de bord ». Ces derniers ne reflètent pas le monde tel qu’il est en lui-même et par lui-même, c’est-à-dire une conscience primordiale transpersonnelle.
La conscience phénoménale (conscience pure, simple sentiment d’exister sans autoreflexivité ni contenu particulier) est un système opératoire très primaire et toujours présent même quand nous pensons qu’il ne l’est pas. Ainsi, l’inconscient n’est pas l’absence de conscience phénoménale, c’est l’absence de méta-conscience, qui n’est qu’un sous-ensemble de la conscience. La métaconscience n’est pas seulement l’expérience mais aussi la réalisation explicite (la prise de conscience), le savoir que l’on est en train d’expérimenter. On peut parler d’autoréflexivité, d’introspection, de « re-représentation » ou encore de « reportability », soit le fait que l’on puisse dire à quelqu’un ou à soi-même que l’on est en train de vivre telle expérience. La méta-conscience est liée à des allers-retours d’informations entre différentes zones cérébrales, à des boucles fermées de renforcement mutuel. Ces phénomènes se reflètent notamment dans l’activité neuronale du Réseau du Mode par Défaut (RMD) du cerveau et dans le fonctionnement mental ruminatif. Les psychédéliques peuvent mettre ces deux derniers au repos et faire ainsi passer d’une méta-conscience, portant sur les contenus de l’ego, à une conscience simplement phénoménologique. La conscience individuelle peut alors se déployer sur des contenus mentaux nouvellement disponibles à l’examen et créer d’autres domaines de métaconscience. Ainsi, la méta-conscience, après avoir lâché l’ego, va se porter sur des niveaux d’expérience correspondant aux phénomènes transpersonnels et spirituels que le sujet pourra vivre en (méta-)conscience.
Le champ mental universel est ce que Jung appelle l’inconscient collectif. Il est « habité » de « structures » vivantes, conscientes et autonomes : les archétypes. Lorsque ceuxci s’activent (se « constellent », selon Jung), ils font apparaître à la fois des phénomènes extérieurs - dans le monde « matériel » - et des phénomènes intérieurs - dans notre psyché. Ces deux types de phénomène « coémergent » et sont liés par un même sens véhiculé par l’archétype qui est à leur origine. Jung et Pauli ont appelé « synchronicité » la manifestation de ce lien. Celui-ci est acausal, c’est-à-dire que les deux phénomènes proviennent d’une même source, émanent ensemble à partir de l’inconscient collectif. L’inconscient collectif peut nous parler directement par des visions, intuitions et/ou rêves. Il est à l’origine d’un langage dont les mots sont des symboles, les phrases des mythes et la grammaire des systèmes analogiques (par exemple le tarot ou l’astrologie) comme l’explique le mythologue Luc Bigé. On peut aller jusqu’à affirmer que tout est symbole et synchronicité, tout exprime le lien fondamental entre le monde perçu comme extérieur, le monde intérieur de notre psyché et l’« arrière monde mental » au fondement de tous ces phénomènes. Le symbole et la synchronicité constituent un système de sens, comme le mental du champ universel (l’Esprit en Grand (11)), générateur de sens et de néguentropie (12). Symboles et synchronicité font le lien entre l’invisible et le visible, entre le monde de l’Esprit et le monde phénoménal qui apparait sur l’écran de nos perceptions sous forme de « matière ». Les archétypes jungiens « parlent » et nous influencent. Les symboles sont les « traces » que les archétypes
déposent en même temps dans le monde extérieur et dans notre vie intérieure.
Épistémologie du post-matérialisme
Selon Erwin Schrödinger, « la conscience ne peut être décrite en termes physiques, car la conscience est absolument fondamentale » ; « le monde extérieur et la Conscience sont une seule et même chose » ; « la conscience est absente de notre tableau du monde par ce qu’elle est le tableau du monde ». De la même façon, Max Planck considérait la conscience comme « quelque chose de fondamental », et la matière « comme un dérivé de la conscience. » « Toute matière provient d’une force et n’existe que par celle-ci. (…) Nous devons présumer l’existence, sous cette force, d’un Esprit conscient et intelligent. Cet esprit est la matrice de toute matière ».
Le philosophe Michel Bitbol (13) rappelle que l’on peut dire de la Conscience ce que disait l’écrivain chrétien Cassiodore à propos de l’âme : « Elle est d’autant plus difficile à connaître que c’est par elle que nous connaissons. En cela, elle ressemble à l’oeil, qui se porte jusqu’aux étoiles, mais qui ne peut pas se voir lui-même (14) ». Il y a ainsi un « angle mort » inévitable de la science matérialiste qui est pourtant fondateur des processus secondaires d’objectivation du monde. Bitbol reformule ainsi : « Ce qui voit n’est pas vu : c’est l’oeil. Ce en quoi tout apparaît n’apparaît pas : c’est la conscience ». Pourquoi avoir érigé en modèle absolu la raison et la science matérialiste alors que tout commence et se termine dans la subjectivité ? L’intuition capte l’essence et découvre les choses alors que la raison se contente de confirmer et n’étudie que les « quantités » de l’existence. Bernardo Kastrup montre le tour de passe-passe du matérialisme : démarrer par des qualités (tout n’apparaît que comme qualité dans la conscience), puis décrire celles-ci à l’aide de quantités.
Ensuite, tenter de remplacer la réalité des qualités par des quantités, et finalement essayer d’extraire le territoire à partir de la carte, c’est-à-dire déduire les qualités à partir des quantités ! La corrélation entre les deux n’autorise pas à conclure que les quantités expliquent les qualités, sans quoi le modèle est auto-référentiel : le matérialiste crée avec son esprit le concept de matière puis reconstruit ou explique son propre esprit en termes d’une abstraction de celui-ci. La matière semble alors avoir une existence autonome et indépendante de la conscience.
Laisser les objets définir ce qu’est la nature profonde de la réalité est l’équivalent du peintre qui, ayant fini un auto-portait, déclarerait : « Le tableau est mon vrai moi. Je suis en réalité l’objet que j’ai créé ». La conscience est antérieure, inclusive et supérieure aux objets qu’elle a créés. L’observation ou la mesure, effectuées par notre conscience, ne mettent pas en évidence quelque chose (une entité physique matérielle) qui existe extérieurement et de façon indépendante. L’observation amène à l’existence les propriétés de la matière, les « observables ». En dehors de la mesure, le monde extérieur est là dans son essence mentale. Les objets physiques ne sont pas indépendants de la conscience mais sont l’apparence extérieure d’un monde mental sous-jacent. Les expériences récentes sur l’intrication quantique (et la contextualité des phénomènes) ont réfuté la croyance que la matière a une existence séparée et autonome. L’idéalisme analytique proposé par Bernardo Kastrup tend à remplacer le monisme matérialiste. Ce dernier impose une conception métaphysique posant plus de problèmes qu’elle n’en résout pour comprendre les expériences extraordinaires liées à la Conscience. Ainsi, personne n’a pu jusqu’alors expliquer comment la matière du cerveau pourrait produire les qualités de l’expérience, ni concevoir un processus par lequel des arrangements de la matière produiraient une expérience subjective. Le cerveau est fait de matière, mais toute matière est en fait l’apparence extrinsèque d’une vie consciente intérieure (de même que tout l’univers matériel est l’apparence extrinsèque d’une conscience transpersonnelle). Un grand nombre d’observations récentes en psychiatrie et neurosciences contredisent l’idée que l’activité cérébrale serait ou engendrerait la conscience. Par contre, elles restent congruentes avec l’hypothèse que le cerveau n’est que l’image d’un processus dissociatif entre la conscience individuelle et la Conscience universelle. Le cerveau n’est pas le producteur mais le produit de la Conscience. La Conscience n’est pas dans la tête, c’est la tête qui est dans la Conscience. De nombreux faits expérimentaux ou naturels montrent que lorsque le cerveau est en hypométabolisme et que son fonctionnement est ralenti ou à l’arrêt (partiellement dans certaines zones cérébrales ou bien totalement, comme dans les expériences de mort imminentes - EMI), la conscience n’est pas abolie mais elle est au contraire élargie, plus lucide. Elle est le siège de processus cognitifs complexes et intenses. Elle se connecte directement au champ de la grande Conscience ou à des parties d’elle restées voilées par l’ego sans forcément impliquer la machinerie biologique du cerveau. Quand notre conscience individuelle fait une opération (cognitive, par exemple), l’augmentation d’activité de certaines zones cérébrales correspond en fait à l’influence de cette conscience en train d’agir sur le champ mental constituant le cerveau. C’est la conscience qui stimule, « allume » et utilise le champ mental apparaissant sous forme de « matière-cerveau » sur l’écran de nos perceptions.
Action des psychédéliques
Les psychédéliques (15) (PDL) et toutes les méthodes d’élargissement de la conscience (16) solubilisent, rendent poreuse la frontière de dissociation et connectent donc la conscience individuelle au champ mental transcendant et transpersonnel habituellement voilé par notre attention fixée sur les activités de notre ego. Notre conscience individuelle peut alors devenir non-locale (phénomènes dits parapsychologiques), transpersonnelle, spirituelle ou mystique. Chacun de ces niveaux successifs de conscience de plus en plus élargie peut ainsi être investi de métaconscience et être interrogé par elle. La prise d’un psychédélique n’est pas de la matière (le comprimé, la plante) qui agit sur de la matière (le cerveau) mais de la conscience (le champ d’information et d’énergie associé à la substance) qui agit sur de la conscience (celle de l’alter).
Pour le matérialisme, un PDL n’est que de la matière agissant sur la vie intérieure qui n’est que mentale. Dualisme inutile qui n’explique rien… Le PDL est une forme mentale issue du champ de conscience universel, ou la représentation d’un champ de conscience dissocié, qui interagit avec un autre champ : notre propre alter, ou champ de conscience individuelle. La prise d’un PDL n’est qu’une image d’un évènement mental transpersonnel qui influence les évènements mentaux à l’intérieur de mon alter. Les éléments dits « physiques » dans cet évènement sont l’apparence externe d’évènements mentaux.
Des diminutions importantes du métabolisme cérébral, accompagnées d’une augmentation de la richesse et de l’intensité de l’expérience vécue, peuvent être provoquées par les PDL mais également par bien d’autres phénomènes (EMI, strangulation partielle…). L’expérience psychédélique n’est donc pas créée par un hyperfonctionnement du cerveau, ni produite par les neurones. Les diminutions du métabolisme cérébral correspondent à l’apparence extérieure (visible en imagerie cérébrale) d’une diminution des processus dissociatifs.
Ceux-ci prennent en effet beaucoup d’énergie au cerveau et se reflètent probablement dans l’activité de la structure appelée « Réseau du Mode par Défaut ». La porosité et/ou dissolution de la frontière dissociative provoque la connexion de la conscience personnelle de l’alter avec d’autres alters ou avec l’« Esprit en Grand », expliquant alors l’expérience spirituelle ou transpersonnelle des PDL. Les PDL repoussent, perméabilisent et lèvent la barrière de dissociation de l’alter et donnent accès aux « idées-émotions », aux archétypes et symboles de l’Esprit en Grand. Les
PDL nous reconnectent à la conscience de l’univers d’où l’on vient. Il n’y a au bout du compte qu’un seul « expérienceur » : l’univers lui-même.
La mort est aussi liée à la diminution importante, mais pas totale, du processus dissociatif. Notre subjectivité essentielle, le « Je » continue et persiste. C’est la raison pour laquelle les expériences psychédéliques et les EMI se ressemblent tant : toutes deux résultent d’une diminution du processus dissociatif. Si l’on était totalement amnésique
et immergé dans un caisson d’isolation sensorielle, il nous resterait le sentiment du « Je » dans toute sa « crudité » et toute sa nudité. Ce « Je » est la manifestation de la Conscience universelle et imprègne toute la nature. Le monde physique est symbolique (17) et pour qui sait voir, tout en lui pointe vers la réalité mentale sous-jacente. Les PDL ouvrent notre conscience personnelle sur un monde de symboles, d’archétypes et de mythes, reflétant la transcendance derrière le tableau de bord de notre écran de perception. Nous vivons dans un monde de mystères dont nous avons l’intuition par des symboles. Les quadrants de nos sens ne sont que des « pointeurs » vers quelque chose au-delà d’eux-mêmes. « Si l’on n’avait pas ces narratifs simplistes, nihilistes du matérialisme dominant, on ne serait plus séparé de, et on serait plus connectés à, notre capacité naturelle, spontanée et intuitive d’appréhender le
sens et le mystère de la vie et de l’univers (18) », explique Kastrup.
Lorsque l’on progresse dans les niveaux de conscience (19) sous PDL, on perd d’abord la méta-conscience du niveau où l’on se trouvait et on passe à une conscience purement phénoménale. Mais notre méta-conscience passe bien au niveau « suivant » et on commence à en prendre conscience, à en parler ou s’en parler à soi-même. Le PDL élève la
conscience vers des niveaux supérieurs ou plus élargis : le niveau inférieur n’est plus méta-conscient et le niveau supérieur le devient. Prenons l’image d’un bouchon en liège dans un vase dont l’eau (la conscience) monte : le bouchon est l’équivalent de l’attention qui s’élève. À chaque niveau, le bouchon apporte sa méta-conscience et la retire de l’étage inférieur. Partant de la base sûre que tout est mental, le comprimé de PDL est un champ d’énergie et d’information, ou champ mental.
Le PDL interfère avec un autre champ mental : l’alter qui le prend. Tout ceci est mental. Autre métaphore entre deux éléments dits « matériels » : on verse une goutte de colorant rouge dans un gros seau d’eau, et toute l’eau devient rouge. De même, un petit champ (le PDL) modifie toute la conscience d’un alter bien plus grand que lui (une personne). La conscience de l’alter s’élargit, se dilate, quitte sa seule sphère personnelle, « monte » ou descend se connecter à d’autres champs de conscience (des esprits, des mondes autres) ou à la grande Conscience universelle (niveaux spirituel puis mystique). Certains rites et rituels qui relient le plan du corps, du coeur, du mental et les niveaux transcendants, permettent de rester métaconscient à plusieurs niveaux à la fois, voire tous, qui travaillent alors en synergie. Le sujet est capable de conserver la métaconscience de plusieurs niveaux en même temps. Les mythes maintiennent également la conscience sur tous les niveaux à la fois par le biais des symboles et des archétypes qu’ils mobilisent. On peut en faire spontanément l’expérience ou les mettre en acte volontairement, accompagnés de la prise PDL, comme dans les rites initiatiques dionysiaques, d’Éleusis, etc.
En guise de conclusion…
Les neuroscientifiques devraient avoir un accès approfondi à la conscience avant d’écrire sur ce sujet. Il est nécessaire de développer en Occident une conceptualisation bien plus riche et subtile des différents niveaux de la conscience et de ses états ! Cela passe par le développement de la prise de conscience introspective chez les chercheurs, sans quoi on joue une sorte de jeu conceptuel artificiel qui n’effleure que la superficie de l’essence des choses sur les quadrants d’un « tableau de contrôle » qui n’a rien à voir avec la réalité qu’il est censé représenter.
Avec son théorème de l’incomplétude, le philosophe Kurt Gödel a montré qu’il est impossible de prouver à la fois la cohérence et la complétude de tout système mathématique sans faire référence à des lois qui lui sont extérieures. Cette même limitation s’applique quand on veut atteindre la compréhension de la Conscience source depuis l’intérieur d’une conscience ordinaire et donc « rétrécie », limitée par les contraintes du temps et de l’espace. La formule V.R.= f(E.C.) - « la vision de la réalité est fonction de l’état de conscience » - nous rappelle que ce n’est qu’au travers des états de conscience élargis que nous pouvons saisir la nature de notre conscience personnelle ordinaire
comme provenant d’une dissociation à l’intérieur d’un grand champ unitaire matriciel de Conscience.
RÉFÉRENCES :
(1) Avec Marie-Odile Riffard, Larousse, 2020
(2) Avec M.-0. Riffard, auto-édition Amazon, 2020
(3) La conscience a-t-elle une origine ?, Flammarion, 2014.
(4) Why materialism is baloney, More than allegory, The idea of the world, et Decoding Jung’s Metaphysics, Iff Books
(5) La force du symbolique, ebook, Ed. Réenchanter le monde, 2020
(6) La Conscience avec un C majuscule, par opposition à la conscience personnelle
(7) Pur : « sans cause apparente »
(8) Bernardo Kastrup, More than allegory.
(9) Schooler J., “Re-representing consciousness : dissociations between experience and metaconsciousness”, Trends in Cognitive Science, 2002, 6, 8, 339-344.
(10) Gröblacher 2007 ; Romero 2010 ; Lapkiewicz 2011 ; Ma, 2013 ; Manning 2015; Hensen, 2015, etc.
(11) Mind at Large, expression d’Aldous Huxley dans Les portes de la perception
(12) Augmentation du niveau d’ordre et d’information dans les systèmes
(13) Bitbol M., « L’expérience ne se donne qu’en première personne », La recherche, Avril-Juin 2021, 20-23.
(14) Cassiodore, « De l’âme », Les éditions du Cerf, 2017.
(15) Voir Chambon, La médecine psychédélique, Les Arènes, 2009 ; et Chambon & Morisson, La révolution psychédélique, Trédaniel, 2020.
(16) Chambon O., L’éveil psychédélique, Leduc, Octobre 2021
(17) Luc Bigé ; Carl Gustav Jung ; Joseph Campbell
(18) Série de vidéos sur essentiafoundation.org
(19) Décrits en six niveaux dans L’éveil psychédélique, op. cit.
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