Il y a aujourd’hui un regain d’intérêt pour le stoïcisme : la psychologie s‘y intéresse, le développement personnel y cherche des outils, et la philosophie multiplie les ouvrages savants sur le sujet. Rappelons que le stoïcisme est une école de philosophie grecque, fondée à Athènes en 334 av. J.-C. par Zénon de Cittium (301-262 av. J.-C.). Les philosophes stoïciens les plus connus sont Sénèque (-4 av. J.-C.,65 apr. J.-C.), Epictète( 50-130) et l’empereur Marc Aurèle (121-180). Mais de tous ces philosophes, c’est certainement Epictète qui incarne le plus le stoïcisme, tant dans sa vie que dans sa pensée. Il est né esclave, a toujours vécu pauvrement, et il est pourtant devenu le philosophe le plus célèbre de l’empire romain, au point de recevoir un jour la visite de l’empereur Hadrien en personne dans l’école qu’il avait fondée en Grèce.
Dans un livre qui lui est attribué, Le Manuel, Epictète nous livre la clef du bonheur, la voici : « Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. »
Voyez comme le bonheur est simple : il tient en deux lignes ! Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Le bonheur, c'est l’harmonie entre nos désirs et le monde, n’est-ce pas ? Nous sommes heureux quand nos désirs se réalisent et malheureux ou frustrés quand ils échouent ; mais comment faire pour que subsiste toujours une telle harmonie ?
Il y a deux possibilités : la première consiste à vouloir que le monde se conforme à nos désirs. C'est cette attitude infantile que dénonce Epictète : elle est vouée à l'échec car le monde suit un ordre qui n'est pas celui de nos rêves. Croire que le monde obéit à nos désirs, c’est prendre - comme on dit - ses désirs pour la réalité.
C'est pourquoi Epictète propose une deuxième méthode : il faut plutôt, dit-il, adapter nos désirs au monde, il faut désirer ce qui arrive. Car alors, en effet, si je désire tout ce qui arrive, tout ce que je désire arrive. Si je veux tout ce qui est, j'ai tout ce que je veux !
Pour le stoïcisme, le bonheur se trouve donc dans un « oui » inconditionnel à ce qui arrive, un oui à la vie. Vivre heureux, c’est aimer ce qui est ; souffrir c’est refuser ce qui arrive.
On retrouve cette sagesse dans toutes les traditions spirituelles à mon avis. Par exemple on peut lire chez le sage indien Nisargadatta Maharaj (1897-1981), la même formule, quasiment dans les mêmes termes : « Vous voulez ce que vous n’avez pas, et vous ne voulez pas ce que vous avez ; pourquoi ne faites-vous pas l’inverse ? C’est si simple ! Vouloir ce que vous avez, ne pas vouloir ce que vous n’avez pas ! »
Eh oui, c’est simple à comprendre. Mais sans doute pas toujours facile à mettre en pratique dans sa vie quotidienne.
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