Un des noms de l’éveil spirituel dans la spiritualité indienne est « mokshâ », mot sanskrit signifiant « libération ». Traditionnellement, la découverte de son vrai « moi » est en effet associée à celle de la liberté.
Mais pourquoi ? Et de quelle liberté s’agit-il ? D’abord, rappelons que s’éveiller à sa vraie nature, c’est prendre connaissance qu’en nous se trouve une présence beaucoup plus vaste que l’individu auquel nous nous identifions d’habitude, et que la philosophie indienne appelle : le Soi (atman).
Et c’est pourquoi la première liberté - sans doute la plus frappante - est la sortie de l’identification au corps. En découvrant le Soi, on cesse de se vivre enfermé dans le corps. Soudainement, notre présence qui, jusque là, était enfermée dans un sac de peau très limité, devient immense, sans limite. Notre moi s’unit littéralement au monde. C’est comme si l’espace à l’intérieur d’un vase prenait conscience qu’en fait, il est l’espace de l’univers tout entier, et que c’est le vase qui est en lui. Nous ne sommes plus dans le corps, c'est le corps qui est en nous.
La deuxième liberté est la découverte que nous ne sommes pas assujettis à nos pensées. Le Soi n’est pas une pensée, il est la Conscience, l’espace éveillé dans lequel apparaissent et disparaissent les pensées. Quel joie ! Quelle délivrance de réaliser que les pensées n’ont plus le pouvoir de nous entrainer dans leur ronde infernale ! Quelle libération de trouver en nous un espace de silence absolu !
La troisième liberté consiste à découvrir que nous sommes libres – en tant que Soi - de notre passé, de ce qui nous arrivé de bon comme de mauvais. Le passé est là bien sûr ; il constitue notre histoire sans doute, mais le Soi est absolument neuf à chaque instant, frais comme une eau vive. Cet instant, c’està- dire la conscience et le monde, est neuf, nouveau, premier, originel. Nous pouvons nous regénérer à la source neuve de notre Présence à chaque instant. Quelle légèreté !
La quatrième liberté est celle du jugement des autres, si lourd bien souvent. « L’enfer, c’est les autres » disait Sartre parce que l’autre me voit et me juge, et dès lors me fait perdre ma liberté souveraine. Mais l’éveil nous montre que notre présence n’est justement pas une chose visible ; nous ne sommes pas une chose dans le monde, mais une non-chose consciente. L’autre ne nous voit pas ; il voit notre corps bien sûr, notre apparence, mais pas ce que nous sommes en vérité. Et ainsi vous échappez au regard de l’autre, vous n’êtes pas visible, vous êtes l’invisible voyant.
Ne me croyez pas, testez-le. Cette liberté est toute proche : elle est notre vraie nature !
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