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Ancre 1

"J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé."

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Je t’aime. Pardonne-moi. Merci.




C’est l’été. Enfin. Tu déposes sur la table du petit déjeuner, du jus d’orange et des morceaux de pastèque, attendant que les tiens se réveillent. Tu penses. Le monde épileptique te laisse si peu le temps. L’été et ses lumières. L’été et ses chants d’oiseaux. L’été et ses ciels purs et loyaux. Cet été, tu te fais une promesse.


Cet été, tu te fais la promesse de dresser la liste des tous les êtres envers lesquels tu lances, dans le grand vide sidéral, des pensées négatives. Tu ajustes le grand couteau à la droite de la planche à pain. Au début, tu te dis « non, non, non… Je ne formule pas de pensées négatives… ». A peine le couteau déposé, une foule d’exemples te parviennent. Tu souris. Tu as du travail, te semble-t-il. Tu t’assieds. Dans le grand silence de la maison du Sud. Tes enfants dorment encore. Ton compagnon aussi. Tes amis aussi. L’eau de la piscine est calme. Des hirondelles passent et viennent s’abreuver d’un éclair dans la lumière.


Hier, devant toi, au distributeur de tickets pour prendre un bus, un homme ne s’en sortait pas. Il entrait, sortait, entrait et ressortait sa carte de banque de la machine. Entretemps, il pianotait sur l’écran tactile. D’un doigt très lent. Pourquoi cet homme-là, juste devant moi ? t’es-tu dit. A dire la vérité, tes pensées sont allées plus loin. Mais tu ne les écriras pas. Parce que ces pensées manquent de grâce. Ces pensées sont comme des lames. Tu ne dis rien. Tu penses. Des pensées négatives.


Toutes les images de cette année te reviennent. Tu t’assieds, maintenant, sur une des chaise de la grande table d’été. Cette réunion… Oh, cette réunion de travail. Le chef avait réuni l’équipe. Il s’agissait de réfléchir ensemble à de nouvelles pistes pour parfaire le job. Soudain, une collègue t’a sauté à la gorge. Comme une ourse affamée. Un convoi de chars avec des obus plantés là, juste dans ton cœur, juste dans ton âme, là où il faut. L’être humain est fort, parfois, à ces manœuvres. Tu as reçu des insultes. Tu as reçu des injures. Tu as dévissé. Au volant de ta voiture, dans la ville, tu as créé, envers ta collègue, des pensées comme des murènes. Comme les deux dents d’un serpent qui s’enfoncent, finement, sous la peau. Comme du venin. Des pensées comme le dard d’un scorpion. Tu ne dis rien. Tu penses. Des pensées négatives.


Plus tu y réfléchis, près de la piscine silencieuse, plus tu t’assieds profondément sur cette chaise d’été, cette chaise de métal qui laisse des petites marques sur les cuisses quand on s’en extraie. Le nombre de tes pensées négatives tend vers l’infini. Les pensées envers ton frère. Les pensées envers l’institutrice de ta fille. Les pensées envers ta kiné. Les pensées envers ton amie. Les pensées envers l’opérateur de téléphonie. Les pensées envers le conducteur anonyme. Les pensées envers le fonctionnaire. Les pensées envers ton voisin. Les pensées envers la communauté voisine. Les pensées envers le pays voisin. Tes pensées négatives, de cercle en cercle. Tes pensées négatives rayonnent. Tes pensées négatives voyagent. Tes pensées négatives.


Tes pensées négatives sont des énergies. Elles partent dans l’espace et, à une vitesse plus rapide que celle de la lumière, vont atteindre l’être à qui elles sont destinées. Tes pensées négatives vont se fixer sur les corps subtils de l’Autre. Ce sont des choses difficiles à comprendre. Ce sont des choses difficiles à admettre. Tes pensées négatives vont venir assombrir l’Autre, lui enlever ses lumières et le rendre, à chaque pensée négative, un peu plus gris, terne, sans sourire. Sans vie.


C’est la catastrophe de l’Humanité.


Les pensées « créent ».


Tes pensées négatives créent des égrégores noirs et sombres sur les corps subtils de l’Autre. La vie en souffre. Des querelles émergent. Des divorces naissent. Des guerres éclatent. Des combats. Des luttes. Tout au bout, des pauvretés.


Cet été, tu te fais une promesse.


Tu vas tenter de renverser le cours de ta vie.


Tu te fais la promesse d’être attentive à tes pensées négatives. En vérité. En authenticité. Il y a ton beau-frère. Il y a la femme de ton beau-frère. Il y a ton compagnon. Il y a ton chef. Il y a ton collègue. Il y a le propriétaire qui te loue ce lieu de vacances. Il y a le syndic de ton immeuble. Il y a le concierge. Il y a cette amie sur Facebook qui abreuve la toile de ses succès. Il y a le serveur au restaurant, lent, si lent. Il y a le contrôleur du train. Il y a cette amie qui t’a bloquée sur Whatsapp. Il y a l’être tant aimé qui, aujourd’hui, construit de ta vie un enfer. Il y a ton fils qui vient si peu te voir. Il y a ta fille si silencieuse. Il y a ton père et ses troubles bipolaires. Il y a ta mère et son abandon.


« Je t’aime. Pardonne-moi. Merci. »


Vers tous ceux-là, tu envoies des pensées positives. Les pensées créent.


« Je t’aime. Pardonne-moi. Merci. »


Les pensées négatives nous accrochent aux Ténèbres et rendent sombres. Les pensées positives nous élèvent vers la Lumière et illuminent. C’est une loi cosmique.


« Je t’aime. Pardonne-moi. Merci. »


A celle qui t’a volée. A celui qui t’a humiliée. A celle qui t’a manqué d’égard. A celui qui t’a blessée.


« Je t’aime. Pardonne-moi. Merci. »


Le « Ho’oponopono » t’arrive à pieds du fond des âges. Tradition orale. Pratique ancestrale hawaïenne. Retrouver la quiétude et la paix intérieure. Faire renaître la paix au sein de la communauté. Le « Ho’oponopono ».


« Je t’aime. Pardonne-moi. Merci. »


Tu es seule encore, autour de cette table d’été préparée pour celles et ceux que tu aimes. Il y a du melon, du Jambon de Parme, des mangues, du pain merveilleux avec de belles graines posées sur la croute. Il y a du thé, du café, du cacao. Il y a des yaourts. Des morceaux de pomme. Il y a du fromage formidable. Tout un plateau. Tu prépares la table pour un nouveau Monde.


Tout à coup, tu pleures.


Tu pleures.


Seule.


Un bruit vient du salon.


Les enfants se lèvent.


Tu sèches tes larmes.


Tout va bien.


Cet été, tu te fais une promesse.












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