Je sais que j’ai une maladie, mais je ne suis pas cette maladie et je ne le serai pas.
[Eve Ricard]
Atteinte très jeune de la maladie de Parkinson, Eve Ricard a décidé de ne pas s’identifier à ses souffrances. Sans doute a-t-elle perçu, comme de nombreux maîtres de sagesse, que nous ne sommes pas ce que nous appelons notre personne. « L’Homme n’a pas de limites et quand il s’en rendra compte, il se rendra libre même ici, en ce monde », écrivait déjà Giordano Bruno au XVIè siècle.
Si nous sommes attentifs, en effet, nous découvrirons que rien de ce qui pourrait définir une personne n’est stable : événements, sensations, émotions, pensées, tout en elle est éphémère. Seuls sont réels, immuables, et ne font qu’UN, la Vie qui traverse toute chose et Ce qui est là pour l’observer en silence d’instant en instant, la Conscience témoin.
En fait, notre personnage n’est qu’un pâle reflet des infinies facettes du Vivant auquel nous appartenons. Quel dommage ce serait de nous réduire à sa plus simple expression en nous assimilant à lui !
Ne pourrions-nous pas au contraire, à partir de la Conscience témoin, nous entraîner à observer, avec curiosité, amusement et tendresse, tous les jeux que l’Intelligence du Vivant est capable d’inventer pour se connaître ?
Nous avons le choix : nous identifier à notre personnage et mener avec lui une existence étroite et sans saveur ; ou incarner le même rôle sans y croire, ni nous y attacher, mais en apprenant à aimer tout ce qui se présente à nous, comme étant une respiration de cet Œil mystérieux, qui se contemple à travers nous et dans les événements que nous traversons.
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